Dire stop, un stop catégorique, à la maltraitance des enfants
On en débite des âneries pour faire avaler la pilule ou se donner bonne conscience. Il paraît, par exemple, que notre Père qui est aux cieux, dans toute sa grandeur, sa sagesse, sa bonté et sa miséricorde, n’envoie aux hommes que les malheurs qu’ils sont capables de surmonter. Ce n’est pas de moi, mais de ceux qui Le connaissent personnellement. Qui L’ont rencontré. Entendu. Ou peut-être seulement rêvé ? Il faut avouer que cette idée est plutôt bien trouvée. Ainsi, les pauvres gens qui combattent toute leur vie la misère et l’adversité – pour crever dans la boue, sans avoir entrevu la lumière au bout du tunnel, parce que c’était un puits sans fond – pourront se consoler. Leur souffrance ne résulte pas d’une injustice sociale. Ni divine. Au contraire. Ils ont été choisis. Élus ! Qu’importe que ce soit pour souffrir. Le Créateur nous éprouve, nous malmène, nous violente, parfois avec acharnement, mais toujours par amour. Ah oui ? Vraiment ? Ah bon ? Là, tout de suite, ça va mieux. Car y a-t-il plus important que se savoir aimé ? Reconnu ? Distingué ?
À l’abri derrière ces préceptes, ancrés dans les esprits depuis des générations, certains parents, trop de parents, tout-puissants face à leurs enfants, s’autorisent à traduire en coups leur souci parental ou leur désapprobation, ou devrais-je dire leur affection ? Non pas pour se défouler, parce qu’ils auraient passé une mauvaise journée. Qu’ils sont frustrés. Fatigués. Débordés. Dépassés. Ni parce que c’est permis. Oh voyons, que nenni ! C’est pour les éduquer – ils comprendront plus tard ; et les en remercieront. D’autant qu’une petite fessée ne fait de mal à personne. Et s’il arrive à des parents au hasard d’un verre renversé ou d’un jouet cassé, de cogner un peu fort sur leur rejeton tant aimé, rien de tragique non plus, il oubliera, pardonnera, et en sortira même plus fort. Tout bénef pour tout le monde. Sauf bien sûr quand il n’en sort pas…
Chaque semaine, en France, deux enfants meurent de maltraitances dans le cercle familial. Alors, la question se pose : à partir de combien de coups, la raclée n’est plus admissible ? La réponse est très simple : à partir du premier. Aucune violence n’est vertueuse. Une gifle n’est pas une correction mais un coup porté au visage. De même qu’un viol n’est jamais une manifestation d’amour mais un signe de perversion.
En Europe, aujourd’hui, déjà 23 États ont légiféré et proscrit les châtiments corporels. La France ne les a pas rejoints. Et ce malgré l’appel du Défenseur des droits de voir cette interdiction inscrite au code civil.
Quand donc notre pays, celui des droits de l’homme, deviendra-t-il aussi celui des droits des enfants ?