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Jérusalem brûle-t-elle?

Pour mettre les points sur les i, je dirais que l’ambiance dans le monde est, ces temps-ci, à la castagne. Et plus précisément : au combat de coqs. Ainsi, des peuples entiers sont sacrifiés pour satisfaire l’ego de leurs dirigeants ou leaders (führer en allemand). J’ajouterai une observation qui n’engage que moi mais qui en fera sans doute bondir : que des machos, ces dirigeants. En effet, voyez-vous des femmes parmi les belligérants qui se trémoussent sur la scène internationale ? Non. Elles devront se contenter, en cas de conflit armé, de se faire sauvagement violer. Je retire « sauvagement », un viol est toujours sauvage.

J’ai promis, dans mon papier précédent, de faire le point sur la situation actuelle en Israël. Il ne s’agit pas ici pour moi d’expliquer la réforme judiciaire en cours, que d’aucuns nomment « révolution », voire « coup d’État », mais de décrire le mécanisme par lequel ses promoteurs entendent l’imposer au pays : la force, la force, encore la force.

Petit rappel historique, ou parahistorique, car les faits relatés ne sont pas tous vérifiés. À quelques semaines de Pessah, une des fêtes les plus importantes du calendrier juif, le récit de l’exode des Hébreux d’Égypte, la Haggadah, me trotte dans la tête. Lors des deux premiers soirs de ces célébrations, dans le monde entier, les Juifs qui respectent la tradition racontent, accoudés à une table, l’histoire de la libération de leurs esclaves d’ancêtres.

Au cours de la narration, il est dit que Dieu, de son bras puissant, parfois même d’un seul doigt, balance des plaies de plus en plus cruelles sur l’Égypte et les Égyptiens. Une seule de ces plaies aurait pu, aurait dû, suffire à faire plier Pharaon, leur grand chef, et le pousser à crier à ce peuple d’élite sûr de lui et dominateur… pardon, erreur de référence… : « C’est bon, dégage, t’as gagné ». Sauf que, à peine avait-il le temps de se remettre d’une épreuve, que le cœur de Pharaon durcissait, et sa parole avec. Il s’entêtait, refusant de laisser les Hébreux s’en aller. Et de fil en aiguille, de plaie en plaie, dix en tout, est arrivé ce qui devait arriver, à savoir que les Hébreux sont partis, avec du pain azyme mais, grâce à Dieu, plein d’or aussi, et que Pharaon s’est mangé la pire déculottée de l’histoire des déculottées, finissant avec son armée englouti dans la Mer rouge.

Quel rapport entre cette histoire et celle que nous vivons aujourd’hui en Israël ? Il tient à l’impression que dégage de la coalition au pouvoir. En effet, depuis deux mois et demi, quoi que disent les spécialistes, observateurs ou le peuple qu’ils sont censés servir, les dirigeants, ivres du pouvoir que leur confère la majorité confortable de 64 sièges sur 120 à la Knesset, ne bougent pas de leur position, traçant leur route, envers et contre tous. Ni discuter, ni négocier, passer en force, sans consentement, dans mon vocabulaire, cela s’appelle un viol. Et pourquoi pas s’ils le peuvent ?

la ligne rouge à ne pas dépasser
Effacement de la ligne rouge…
Dès 7 heures ce matin

Comme pharaon dans la légende de Pâque, le cœur de ces hommes, Rotman, Levin, Ben Gvir, Netanyahou et les autres, se durcit à chaque intervention – pas divine, mais quand même – chaque tentative de médiation. Qu’elle vienne du directeur de la banque d’Israël, d’économistes de renommée mondiale, du Président Isaac Herzog, d’institutions financières internationales, de chefs d’État, de Macron à Biden, de présidents de communautés juives de la diaspora, de réservistes, pilotes, généraux de Tzahal, de membres, officiers ou anciens dirigeants du Mossad ou d’armes d’élite, ou des centaines de milliers d’Israéliens qui depuis dix semaines manifestent. Rien ni personne n’y fait. Les ministres du gouvernement droite-droite répondent à la raison par le canon à eau. Le cœur dur, ils poursuivent sans ralentir.

Pendant ce temps, la maison brûle. Les attentats meurtriers se multiplient dans le pays. Le peuple d’Israël se déchire, laissant à ses ennemis le loisir de fourbir leurs armes. Ainsi, il y a peu, Hassan Nasrallah, secrétaire général du Hezbollah, déclarait espérer qu’Israël ne fêterait jamais son quatre-vingtième anniversaire, autrement dit que le pays exploserait de l’intérieur. Lui ferons-nous cette joie ?