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Amos Oz, la voix de la conscience

Hommage

Il savait que le rêve est la source de vie. Et il rêvait de paix. De deux pays amis, côte à côte sur ce coin de terre. Il rêvait de paix maintenant.

Amos Klausner est né en 1939 à Jérusalem dans une famille de Juifs lettrés récemment immigrés d’Europe. Ses parents, tous deux polyglottes, communiquaient en polonais, mais ils n’autorisaient leur fils à s’exprimer qu’en hébreu. Pourtant eux-mêmes ne le parlaient que maladroitement. Il s’agissait à l’époque de redonner vie à cette langue éteinte depuis des siècles. Une utopie qui a pris corps et que leur fils, par son œuvre, est parvenu à sublimer. C’est en effet sous la plume d’écrivains de sa trempe que l’hébreu a pu s’affirmer comme une langue moderne et littéraire à part entière.

Encore adolescent, Amos s’est choisi le nom d’Oz, dont le sens en dit long sur ses exigences personnelles. Car Oz, en hébreu, signifie la force, le courage et l’audace. Un défi lancé à lui-même ? Une promesse ? Une ambition ? Quelles qu’aient été ses raisons, il a su se montrer à la hauteur de ce nom.

Au cours de sa longue carrière au sommet de son art, Amos Oz a publié une vingtaine de romans et recueils de nouvelles, une dizaine d’essais et des centaines d’articles. Traduit en 45 langues, il a gagné de multiples prix littéraires prestigieux et s’est vu, de nombreuses fois, honoré pour son œuvre. Il suffit d’un coup d’œil à la presse internationale au lendemain de son décès pour mesurer l’ampleur de son rayonnement dans le monde.

Son premier grand succès, il l’a dû à Mon Michaël, portrait psychologique, brossé dans son style net, presque nu, de Hanna, jeune femme désabusée, sur fond de Jérusalem, comme toujours au bord de la guerre. En nous entraînant à travers les dédales de cette âme meurtrie, Amos Oz nous promène dans les rues de sa ville natale, qui semble soudain se dresser et s’animer autour de nous, par le seul pouvoir de ses mots.

Sans doute sa réussite a-t-elle permis à sa voix et son engagement pour la paix d’être entendus plus fort, plus loin. Et sans doute cet engagement a-t-il donné à son nom toute son envergure. Car Amos Oz, poète, rêveur, n’en était pas moins homme de son temps et de son pays. Israélien, juif et sioniste, cofondateur, en 1978, du mouvement La Paix Maintenant, il n’a jamais renoncé à son combat pour le dialogue et l’amitié entre les peuples juif et palestinien.

Pourtant, dans son Judas, son dernier roman publié, deux personnages s’affrontent sur les décisions stratégiques autour de la création de l’État d’Israël. Et l’on devine aisément que ce débat reflète celui qui fait rage en lui. Était-il vraiment impossible de créer un foyer juif sans effusions de sang ? Quel avenir était promis à cette patrie déchirée ? Quelle paix ? Et donc quelle vie ? Avait-il fini par douter du réalisme de son rêve ?

Amos Oz s’est éteint hier. Nul n’échappe à la mort. Mais espérons que sa pensée continue à nous éclairer. Que l’écho de sa voix, de sa rigueur morale, maintienne nos consciences en éveil. Pour qu’une paix maintenant soit possible partout dans le monde. Pas seulement au Moyen-Orient.

disparition d’Amos Oz

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