Sauf que, à mieux y réfléchir, il serait prématuré, voire naïf, de crier victoire. Un conseil de surveillance déontologique des journalistes dans l’exercice de leurs fonctions ne pourra pas à lui seul résoudre les dysfonctionnements des médias d’information…
Pour ceux qui s’offusqueraient de cette entrée en matière quelque peu cavalière, je tiens à rappeler que comme son « II » l’indique, cet article en complète un autre paru précédemment. Cependant, pour me faire pardonner, je vous offre ici gracieusement un récapitulatif et quelques explications :
Dans le premier volet « D’un journalisme citoyen », que j’aurais pu titrer aussi « D’un journalisme éthique », mais la vie nous impose des choix, j’évoquais la nécessité d’encadrer de plus près les pratiques journalistiques. Certains seraient tentés de me condamner, hâtivement, pour ces idées liberticides. Pourtant, elles sont tout le contraire. En effet, je prône ce contrôle au nom de la liberté – fondamentale – de pensée. Car comment se forger une opinion éclairée dans l’ignorance des faits, rien que les faits, tous les faits ? Ainsi la liberté d’accès à une information digne de ce nom devrait-elle être garantie par la constitution – au même titre que celles de parler, écrire, imprimer, échanger des idées – et protégée par nos institutions.
J’avais conclu, comme j’aime le faire, sur une note optimiste, avec le faire-part de naissance, le 2 décembre 2019, du Conseil de déontologie journalistique et de médiation, CDJM pour les intimes.
Je savais bien qu’il me faudrait revenir sur le sujet. Car ce nouvel organisme, en dépit d’intentions louables, ne suffisait pas, à mon sens, à régler la question du quatrième pouvoir. Lui, comme tous les pouvoirs, ayant besoin de garde-fous pour ne pas dériver. Or la mission déclarée de ce CDJM1 n’était que « pédagogique ».
J’ai donc continué à pétrir, en solitaire, cette question de la presse et de l’information. Et à force de relire les textes, j’ai compris que les journalistes ne sont que de la piétaille – les paraboles militaires semblent à la mode ces derniers temps. Fiers comme ils sont, j’imagine qu’ils ne goûteront pas ou peu cette comparaison. Pourtant, ils devront admettre qu’ils sont envoyés au front selon une stratégie déterminée par leurs chefs, ou généraux, si vous voulez. Et que s’ils peuvent se rebeller contre une décision sans risquer pour cela le peloton d’exécution, la crainte du chômage – ou du placard, dans le public – ne les incite pas aux actes de courage.
Ainsi, nos fantassins, avec leurs principes éthiques, doivent-ils se conformer à une ligne éditoriale – définie par leur rédaction « en accord avec l’actionnaire » –, protégée par la loi sur la liberté de la presse, tant qu’elle ne contrevient pas à certaines règles de conduite2. Marge de manœuvre maximale pour manipuler l’opinion.
Et au fond qu’importe au public que cette stratégie, ou ligne éditoriale, serve des intérêts politiques ou mercantiles ?
Que faire alors pour protéger la liberté de pensée et le droit à l’information ? Peut-on imaginer un contre-pouvoir populaire à celui des médias professionnels traditionnels ? Comme Internet, par exemple, et les réseaux sociaux ? De merveilleux outils qui, malgré leur jeunesse, ont déjà largement prouvé aussi leur nocivité.
La quadrature du cercle ?!
- Conseil de déontologie journalistique et de médiation.
- Loi du 29 juillet 1881. Seuls sont interdits les insultes, calomnies, diffamations, incitations à commettre des délits ou des crimes, outrages aux bonnes mœurs et à la décence publique.