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Les femmes de cinquante ans, et moix et moix et moix

Yann Moix au bal des hypocrites

Je ne sais pas dans quel monde vous vivez mais, dans le mien, certainement, l’apparence d’une femme impacte son destin : être « un thon » ne l’aidera pas ; être « trop bonne » non plus. Ni en amour ni au travail. Dans mon monde, toutes les femmes le savent, leur sourire peut changer la face de leur histoire. Bien sûr si en plus d’être belles, ou laides, elles font bien, ou mal, la cuisine, le ménage ou l’amour…
Aussi, lorsque Yann Moix se déclare incapable d’aimer les femmes de cinquante ans parce qu’elles ne le font pas bander, je serais tentée de penser que certes, c’est un cochon mais dans une ferme d’animaux…
Outre le fait que ce monsieur n’est lui-même pas franchement sexy et que les femmes de cinquante ans, qu’il jette sans aucun égard dans un panier d’œufs avariés, n’ont besoin ni de son désir ni de son approbation, il me semble que ses propos auraient pu avoir le mérite d’ouvrir un débat important sur notre vision de l’amour, du sexe et de la femme. Les cris d’orfraies des hypocrites l’ont malheureusement empêché.
Car pourquoi ne pas essayer de parler vrai pour une fois ?
Étant née fille, j’ai toujours su que le premier regard comptait, que pour arriver à mes fins, il me faudrait sourire, séduire, mais pas trop, attention. Car la femme doit savoir doser. Ne pas mettre l’autre en danger. Ne jamais oublier que tout ce à quoi elle a droit est un privilège en soi. J’ai toujours su aussi que mon temps était compté, comme un certain Ronsard l’a si joliment expliqué. Que la femme n’existant que par le désir de l’homme disparaît des radars dès que son regard se ternit et que son corps mollit.
Or monsieur Moix n’a rien dit d’autre. Ni plus ni moins que le grand Charles, non pas de Gaulle mais Aznavour, qui dans son légendaire et misogyne Tu t’laisses aller se plaignait de devoir prendre son courage à deux mains pour dire à sa mal-aimée « qu’il en avait marre de son corps qui lui enlevait tout espoir ». À tel point que le malheureux se demandait comment il avait pu faire pour l’aimer.
Aussi peut-on reprocher à ce pauvre Yann Moix d’être un parfait machiste ? Il faudrait dans ce cas condamner toute notre société. En revanche, une chose est claire : ce qui, mis à part l’élégance, manque cruellement, à ce monsieur, ce n’est non pas l’amour de soi ni une enfance plus tendre : que deviendrait-il sans cette fange dans laquelle il se plaît à se rouler publiquement et dont il se sert d’excuse pour faire souffrir à son tour ? Mais un minimum de décence. En effet comment a-t-il pu oser comparer les critiques qu’il a dû affronter au procès de Nuremberg ? Mêler Hitler à son éclat ?! Mais cela, curieusement, n’a fait hurler personne !…
Quant au débat qui compte, celui qui aurait dû s’ouvrir, disons qu’il nous reste encore un sacré bout de chemin avant d’arriver non pas encore à l’égalité des sexes, mais au moins au respect et à la reconnaissance des femmes dans leur humanité, dans leur intégralité.
Et pourquoi pas le faire ensemble, hommes et femmes, de tous âges, et en toute honnêteté ?

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