Au vu des réactions, du nombre de « hélas ! » suscités par ma fable Les Hommes et le corona, j’ai conclu que sa « morale » n’était pas des plus confortantes. Pourtant, je le précise, « La vie reprendra comme avant ! » n’est pas une prédiction, mais une manière de défi, comme un « Chiche ! Faisons autrement ! »
Pour ma part, je veux croire que rien ne sera comme avant. Que, grâce à cette fameuse crise du coronavirus, nous aurons bientôt tous compris. Du plus brillant au plus borné. Et comme je ne suis pas prophète, ni astrologue ou visionnaire et que nous sommes dans la fiction, je peux me payer le luxe d’une seconde conclusion, que j’offre aux âmes sensibles…
Voici la fin alternative (et à chacun de choisir selon ses goûts et son humeur) :
La terre de les croire fit semblant.
Biches, écureuils et hérissons
Soupirèrent d’une même déception
Et vite coururent à leurs tanières
Pour se plonger dans la prière.
Le silence planait, menaçant.
Bientôt, l’une après l’autre, enfin,
Les portes des maisons s’ouvrirent.
Les hommes commencèrent à sortir
Honteux de leur légèreté,
De leur comportement passé,
Ils avançaient d’un pas lent
Timides, respectueux, prudents,
Donnant tort à ces faux devins
Qui avaient présagé le pire.
(Comme moi, oui, vous pouvez le dire !)
Aucun ne se précipita
Pour retourner aux habitudes
De son existence d’autrefois.
Tous respiraient la gratitude
Regardant le monde, éblouis,
Comme s’ils redécouvraient la vie.
Ils saluaient les animaux
Les traitant en alter égaux
(Je vois déjà ceux qui sursautent
Mais elle est voulue, cette faute)
Veillant à garder la distance
Due, par égard, à leur engeance.
Ils admiraient aussi les fleurs
Humaient avec joie leurs senteurs
Mais les laissaient danser gaiement
À ciel ouvert, au gré du vent.
Quant aux arbres, ces grands seigneurs
Dont les rangs, mon dieu, quel malheur !,
S’étaient vus, par eux, décimés,
Les hommes coururent les enlacer.
La terre de surprise s’ébroua.
De miracle n’espérant plus,
Elle avait cru à son trépas.
Pourtant, il était advenu.
Les animaux se détendirent.
Devant, à leur tour, convenir
Que rien n’était plus comme avant
Que la paix était maintenant.
Ainsi, suis-je en droit de conclure
Croyez-m’en, je vous conjure,
Que les hommes peuvent s’améliorer,
Qu’il ne faut pas désespérer.